Question de Michelle Gréaume :
Le Président de la République a déclaré dimanche lors de son allocution télévisée qu’il fallait, je le cite, « bâtir un modèle économique durable, plus fort », « travailler et produire davantage ».
Le propos mérite d’être éclairci à l’heure où des centaines de milliers de personnes ont perdu leur emploi et autant vont subir le même sort dans les semaines à venir.
Le « travailler plus pour gagner plus » n’est pas une idée neuve pour un nouveau monde puisque le concept fût créé par Nicolas Sarkozy.
Travailler plus est l’objectif, après avoir par ordonnance, utilisé la crise sanitaire pour multiplier dès maintenant les dérogations au droit du travail et à la protection des salariés. Vous encouragez à multiplier les accords d’entreprises dits de performance, véritables chantage à l’emploi où l’on demande de choisir entre licenciements et diminutions de salaires comme chez Derichebourg, ou Ryanair.
Les premières victimes de votre politique sont les salariés peu diplômés et les jeunes, déjà durement touchés par les conséquences du confinement.
Pourquoi vous obstinez-vous dans ces choix archaïques qui n’ont pas donné de résultats probants, sauf pour les actionnaires ?
Quand allez-vous faire le choix d’une économie orientée vers l’emploi, au service d’une autre production, qui protège et qui donne du travail au plus grand nombre ?
Allez-vous enfin partager le travail pour permettre l’épanouissement de chacun et ne pas contraindre toujours plus, ceux qui ont un emploi en précarisant les autres ?
Cette voie nouvelle, vous devez l’explorer et ne pas rester bloqués sur les vieux dogmes libéraux.
Réponse de la Ministre du Travail, Muriel Pénicaud :
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Réplique de Michelle Gréaume :
S’il est un chemin nouveau à emprunter, c’est celui d’un partage équitable des richesses produites et une nouvelle réduction du temps de travail.
Alors que la moyenne de travail est actuellement de 39 heures dans notre pays, seule une étape supplémentaire dans la réduction du temps de travail, vers les 32 h, permettrait le travail de toutes et de tous.
La France, qui a une des plus grandes productivités au monde, en a les moyens. Quelle société voulons-nous, celle de la précarité et du chômage de masse, ou celle qui permet à tout le monde de travailler ?