Questions au gouvernement

Question avec réponse

Restructuration et délocalisation de l’activité relation-clientèle d’Engie

Question écrite n° 02082 de Michelle Gréaume

Mme Michelle Gréaume attire l’attention de M. le ministre de l’économie et des finances sur les conséquences de la délocalisation de l’activité relation – clientèle d’Engie.

En effet, depuis 2015, Engie a entamé la délocalisation de son activité de commercialisation (off-shoring) au Maroc, au Portugal et à l’île Maurice. Ce mouvement s’amplifie aujourd’hui vers des pays à coûts salariaux encore plus bas comme le Cameroun et le Sénégal. D’ici à la fin de l’année 2017, 30 % des activités du service relation – client seront ainsi transférés à l’étranger. Les organisations syndicales estiment à plus d’un millier le nombre d’emplois qui disparaîtront ainsi du territoire national.

Cette stratégie, qui n’a d’autre objectif que d’augmenter la rentabilité d’un service déjà très profitable, n’est pas sans conséquence sur la qualité des prestations, la satisfaction des clients ayant chuté de 10 % en dix ans. L’État français, avec 24 % du capital, est un actionnaire de référence d’Engie et a le pouvoir et les moyens d’agir contre ce dumping social et pour le maintien des emplois.

En conséquence, elle lui demande quelle mesure il compte prendre pour mettre un terme à cette délocalisation, protéger les emplois et garantir la qualité des services envers les usagers.

Réponse du Ministère de la transition écologique et solidaire publiée dans le JO Sénat du 21/12/2017 - page 4628

Le secteur de l’énergie, au niveau européen comme au niveau national, connaît une transformation profonde impulsée par le déploiement des énergies renouvelables et la nécessité de lutter contre le changement climatique. ENGIE doit s’adapter pour tenir compte des réalités actuelles du monde de l’énergie.

Pour rester compétitif sur les marchés de gros et de détail de l’énergie, ENGIE est contraint de repenser ses stratégies d’approvisionnement et de réviser son architecture commerciale. La digitalisation de la relation client s’inscrit dans cette logique, tout comme la possibilité de délocaliser une partie des prestations. En effet, le souci de la maîtrise des coûts au service du consommateur a toujours été et doit rester encore un objectif de l’entreprise.

Le Gouvernement est attentif à la dimension sociale de la transformation du groupe ENGIE. En particulier, le respect de l’accord social européen, qu’ENGIE a signé en avril 2016, avec trois fédérations syndicales européennes, implique qu’une offre d’emploi au sein du groupe soit proposée à tout salarié concerné par la réorganisation. Cet accord prévoit également un important effort de formation pour adapter les compétences des salariés aux nouveaux besoins de l’entreprise. Le groupe a ainsi redéployé ou recruté 12 000 collaborateurs sur les solutions clients B2B depuis 2015.

Les adaptations du groupe ENGIE au nouveau contexte énergétique lui permettent de redéployer ses moyens financiers sur ses nouvelles priorités, qui s’inscrivent pleinement dans la transition énergétique : production d’électricité bas carbone et solutions clients aux particuliers, entreprises et territoires.
À titre d’exemple, entre décembre 2015 et juin 2017, le groupe a réduit de moitié son portefeuille de centrales à charbon ; dans le même laps de temps, ENGIE a fait l’acquisition de Solairedirect pour développer sa propre plateforme de développement de projets photovoltaïques et remporté de nombreux appels d’offre solaires et éoliens au Mexique, au Brésil, au Pérou, en Inde, en France et dans d’autres territoires.

De même, ENGIE a remporté la construction de nombreux projets éoliens en France (par exemple deux parcs éoliens offshore), au Royaume-Uni, en Égypte, au Mexique et ailleurs. La transition énergétique est un phénomène qui prend de l’ampleur au niveau mondial et il est important que les entreprises françaises puissent prendre leur place dans ce nouveau contexte énergétique.

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