Questions au gouvernement

Question écrite (avec réponse) adressée au Ministre de la santé et de la prévention

Reconnaissance de la fibromyalgie et état de la recherche

Question écrite publiée au Journal Officiel le 27 octobre 2022
Réponse publiée au Journal Officiel le 24 novembre 2022

Mme Michelle Gréaume appelle l’attention de M. le ministre de la santé et de la prévention sur la reconnaissance de la fibromyalgie comme maladie.

Reconnue par l’organisation mondiale de la santé (OMS) depuis 1992, la fibromyalgie ne l’est toujours pas au niveau national, malgré les travaux d’une commission d’enquête de l’Assemblée nationale à ce sujet en 2016.

Les avis émis par la France sur le sujet (dernièrement, le rapport de la haute autorité de santé -HAS- de 2021) ne s’inscrivent toujours pas dans le sens d’une reconnaissance, contrairement aux études réalisées notamment au Canada et aux États-Unis, pays où la surveillance épidémiologique est forte alors qu’elle est quasiment inexistante en France.

La fibromyalgie est une forme de douleur chronique diffuse associée à une hypersensibilité à la douleur et différents troubles notamment de l’alimentation, du sommeil et de l’humeur, des douleurs articulaires et musculaires, qui a un impact important sur la qualité de vie sociale et professionnelle des personnes touchées. Comment, sans reconnaissance formelle et officielle de cette maladie, justifier des absences au travail, pourtant bien légitimes au regard des souffrances endurées ?

Malgré ces conséquences manifestes, leur prise en charge reste inexistante pour le moment, mais elle pourrait être améliorée avec la reconnaissance de la fibromyalgie comme une affection longue durée.
Cela permettrait notamment un remboursement des quelques soins allégeant les symptômes de la maladie. Selon la direction générale de la santé, entre 2 % et 5 % des Français seraient touchés par ce syndrome.

Elle l’interroge donc sur ses intentions vis-à-vis de la fibromyalgie, en termes de reconnaissance mais aussi de recherche, de surveillance épidémiologique et d’accès aux traitements.

Réponse de M. le ministre de la santé et de la prévention

On estime que 1,5 à 2% de la population souffre de fibromyalgie.

Selon le rapport d’expertise collective de l’institut national de la santé et de la recherche médicale (INSERM) rendu public en octobre 2020, la fibromyalgie est un syndrome douloureux chronique, associant de nombreux symptômes non spécifiques et d’intensité variable : des douleurs chroniques diffuses et fluctuantes, une asthénie persistante, des difficultés de concentration, des troubles du sommeil et un déconditionnement qui conduit à l’inactivité physique. Des symptômes dépressifs sont aussi rapportés.

Toutefois, si l’ensemble de ces symptômes peuvent être présents dans le syndrome de fibromyalgie, ils ne permettent pas la qualification de maladie.

L’INSERM préconise donc une « approche multimodale centrée sur le patient pour une prise en charge efficiente sur le long terme ».

Dans ce contexte, la prise en charge par l’Assurance Maladie des soins liés à la fibromyalgie est donc à ce jour celle du droit commun. En effet, l’absence de causes connues permettant de définir des critères médicaux d’admission, le manque d’examens diagnostiques identifiés et la variabilité des prises en charge et des traitements ne permettent pas de constituer les bases de la création d’une affection de longue durée (ALD).

Néanmoins, pour les patients atteints de formes sévères et invalidantes, une prise en charge au titre des affections « hors liste », conformément à l’article R. 322-6 du code de la sécurité sociale, est possible.

Cette admission est appréciée par le médecin-conseil sur le fondement, d’une part, des critères de gravité, d’évolutivité ou du caractère invalidant de la maladie, et d’autre part, de la durée prévisible du traitement qui doit être supérieure à 6 mois avec une thérapeutique particulièrement coûteuse.

Par ailleurs, l’assuré peut percevoir une pension d’invalidité, si l’incapacité permanente constatée est égale à une perte au moins des deux tiers de capacité ou de gains. L’évaluation médicale de l’invalidité revient au médecin-conseil de la caisse d’assurance maladie. Au titre de leur pension d’invalidité, les assurés bénéficient d’une prise en charge à 100% de leur frais de santé pour la maladie.

Le ministère de la santé et de la prévention a par ailleurs engagé des actions pour améliorer le parcours de santé et la qualité de vie des patients atteints de fibromyalgie.
Elles s’articulent autour de 4 axes : mieux informer les professionnels, diagnostiquer plus précocement, mieux structurer la filière de prise en charge de la douleur chronique et renforcer la recherche sur la douleur chronique et la fibromyalgie.

A ce titre, la Haute autorité de santé (HAS) a publié des recommandations concernant le « Bon usage des médicaments opioïdes : antalgie, prévention et prise en charge du trouble de l’usage et des surdoses » en mars 2022. Elle devrait également publier un référentiel de prescription d’activité physique pour la fibromyalgie dans le cadre de l’activité physique et sportive sur ordonnance, conformément à son programme de travail pour 2022.

Le ministère travaille également à la structuration de la filière de prise en charge de la douleur chronique afin que celle-ci soit plus lisible. Ainsi, l’annuaire national des structures d’étude et de traitement de la douleur chronique (SDC) sera actualisé au 1er trimestre 2023 pour donner suite à la labellisation des structures douleurs chroniques prévue tous les 5 ans.

En complément, la HAS a été saisie par le ministère de la santé et de la prévention pour produire des recommandations relatives au processus standard de prise en charge des patients douloureux chroniques et à la collaboration optimale entre ville et structures de recours.

Enfin, afin de mieux informer les patients et les professionnels de santé sur les dispositifs dérogatoires d’affections de longue durée, notamment l’ALD hors liste, l’Assurance maladie a créé un espace ALD et maladies chroniques pour les patients sur le site ameli.fr et a amélioré les informations disponibles sur les pages destinées aux professionnels de santé (médecins, médecins-conseils et médecins des maisons départementales des personnes handicapées).

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