Lire l’intervention de Michelle Gréaume lors des QAG du 24 mai 2023
Monsieur le Président,
Mesdames et Messieurs les Ministres,
Mes cher.e.s collègues,
Ma question s’adresse à M. le Ministre de l’Économie. Voilà plus de 60 jours que des salarié-e-s de Vertbaudet dans le Nord, sont en grève. Pour rappel, cette usine est composée majoritairement de femmes.
L’entreprise Vert Baudet est l’une des 59 entités détenues par le fonds d’investissement Equistone, un fonds de dimension européenne. L’examen du bilan financier de l’entreprise est édifiant, entre 2018 et 2021, la marge nette est passée de -0,7% à +3,6%, la valeur ajoutée de 49,7 millions à 56,6 millions d’euros et, sur la même période, la part des salaires par rapport au chiffre d’affaires est passée de 15,6% à 12,1%.
L’unique revendication de ces salarié-e-s est une augmentation de salaire de 150 euros. Tous les chiffres montrent que cette revendication est légitime.
Actuellement, l’inflation les rattrape et les fins de mois sont difficiles.
Depuis deux mois, pas de dialogue avec la direction, des propos sexistes à leur égard, intervention des forces de police, intimidation à la menace de licenciement. Tout y passe.
Les salarié-e-s sont déterminé-e-s et leur lutte devient emblématique. Les salaires dans l’entreprise varient entre 1 300 et 1 500 euros mensuels, malgré leur ancienneté, quand le dirigeant perçoit une rémunération de 60 000 euros par mois.
Cette grève met en lumière une question centrale : comment faire ses choix de vie sans un salaire digne ? Comment être véritablement libre, sans indépendance économique ?
La solidarité et le soutien de tout le monde du travail s’expriment, y compris financièrement, et, quelque part, cette lutte est devenue celle de tous les salariés du pays par procuration.
M. le Ministre, vous prétendez appeler au partage de la valeur, n’y-a-t-il pas, avec Vertbaudet, une belle occasion de sa mise en œuvre ?