Mme Michelle Gréaume appelle l’attention de Mme la ministre de la culture sur la réforme des diplômes d’État de danse envisagée dans la proposition de loi n° 1149 de deux députées, visant à élargir les esthétiques de danse concernées par la loi n° 89 468 du 10 juillet 1989 relative à l’enseignement de la danse.
Parmi les disciplines nommées et concernées dans cette proposition de loi figure la danse hip hop, mouvement emblématique des cultures urbaines et populaires, au sein duquel des inquiétudes importantes émergent.
Sous prétexte d’apporter une garantie de sécurité et de qualité aux élèves et à leurs parents, ce texte prévoit d’imposer un cadre rigide à une pratique, la danse hip hop, dont l’identité est spécifiquement liée à une autodidaxie et une transmission horizontale, loin des standards académiques.
Aucune étude attestant de la mauvaise qualité des enseignements ou de la survenance d’accidents et de blessures physiques supérieure à la moyenne n’a démontré la nécessité de sanctionner l’absence de diplôme des professeurs actuels de hip hop. Ainsi, ces derniers, ayant aujourd’hui construit leur légitimité professionnelle en interne, reconnus par leurs pairs et leurs élèves, devraient se conformer à un cadre totalement en opposition avec la philosophie et l’histoire de ce mouvement qui s’est toujours organisé de manière autonome et basé sur un système de transmission qui lui est propre.
En outre, cette réglementation participerait à exclure celles et ceux qui en ont été les pionniers et ont contribué à l’implantation et au rayonnement de cette culture : la mise en place du diplôme obligatoire instaurerait une forme de sélection sociale, compte tenu du coût de la formation et de sa durée, notamment.
Sans compter la pénurie de professeurs que cela pourrait provoquer, ceux ci étant soumis à une formation de 3 ans avant de pouvoir pratiquer.
La culture hip hop est attachée aux valeurs de l’éducation populaire. Elle a permis le rayonnement des danses populaires françaises à l’international, l’accessibilité à toutes et tous à la créativité et à l’expression de soi dans l’espace public, quel que soit le milieu social ou culturel. Il est à craindre que le fait de placer la pratique sous le coup d’une loi contraignante ne fera que participer à sa gentrification et sa désappropriation.
C’est la raison pour laquelle elle lui demande quelle alternative elle peut mettre en place pour préserver la danse hip hop du cadrage légal qui la vise, afin de laisser cet art autonome s’exprimer dans un cadre moins contraignant.