Questions au gouvernement

Question écrite avec réponse

Etat de la prévention et du dépistage du virus de l’immunodéficience humaine

Question n° 09788 adressée à Mme la ministre des solidarités et de la santé
À publier le : 04/04/2019

Mme Michelle Gréaume attire l’attention de Mme la ministre des solidarités et de la santé sur l’état de la prévention et du dépistage du virus de l’immunodéficience humaine (VIH) en France, au regard de l’objectif de l’organisation mondiale de la santé et de l’agence des Nations unies pour le syndrome immunodéficitaire acquis (ONU-SIDA) de mettre fin au SIDA en 2030.

Pour y parvenir, ces organisations, appuyées par les associations, considèrent qu’il est essentiel d’insister sur la prévention et sur le dépistage. Alors que la généralisation du dépistage du VIH avait été établie en priorité, il semble que les mesures mises en place dans ce cadre ces dernières années n’aient pas été suffisantes, ne permettant pas d’atteindre leur objectif.

Cinq ans après le plan national VIH-SIDA 2010-2014, de nombreuses initiatives ont participé à développer et favoriser le dépistage, accompagnées d’importantes évolutions dans la prise en charge et les traitements du VIH. On estime que ce sont encore entre 25 000 et 40 000 personnes qui ignorent leur statut sérologique.

Les associations de lutte contre le VIH, particulièrement impliquées dans le dépistage et la prévention sur le terrain, notamment grâce aux tests rapides à orientation diagnostique (TROD), voient leurs financements réduits chaque année un peu plus, et particulièrement en ce qui concerne les interventions auprès du grand public.
Aucune campagne de prévention, ni de promotion des nouveaux dispositifs de dépistage à destination du grand public n’a été diffusée dernièrement, alors même que l’autotest VIH est disponible en vente libre en pharmacie depuis septembre 2015, permettant un dépistage en toute intimité, sans intervention d’un tiers.
Il en va de même en ce qui concerne le remboursement des préservatifs masculins par la sécurité sociale. L’intérêt du dépistage n’est plus à prouver : plus la contamination est détectée tôt, plus le traitement sera efficace, et plus le risque de transmission du virus sera limité.

Il serait également souhaitable de donner accès aux nouveaux outils de prévention et de dépistage aux médecins généralistes qui le souhaitent. À titre d’exemple, la législation exclut les médecins généralistes de la distribution d’autotests, alors qu’ils demeurent en première ligne dans la prescription de sérologie à l’origine de 70 % des cas de découverte de VIH.

Pour toutes ces raisons, elle l’interroge sur les mesures qu’elle compte prendre pour que les personnes ignorant leur séropositivité à ce jour en France puissent prendre connaissance de leur statut sérologique, et pour prévenir de nouvelles contaminations.


Réponse de Mme la ministre des solidarités et de la santé, le 22 août 2019 :

La stratégie nationale de santé 2018-2022 s’est fixé pour objectif de donner de la cohérence à l’action collective de tous les ministères dans le domaine de la santé pour piloter l’avancement des chantiers prioritaires.

Son premier axe, dédié à la prévention, a trouvé une déclinaison dans le Plan Priorité prévention : rester en bonne santé tout au long de sa vie.

En matière de santé sexuelle, la stratégie nationale de santé sexuelle et sa première feuille de route 2018-2020 fixent les objectifs communs pour permettre, entre autres, d’éliminer les épidémies d’infections sexuellement transmissibles et de mettre fin à l’épidémie du sida d’ici 2030.

La France propose une large offre de dépistage et de prévention du VIH, des hépatites virales et des autres infections sexuellement transmissibles (IST) : les systèmes de soins publics et privés, la médecine libérale, les laboratoires de biologie médicale, les centres gratuits d’information, de dépistage et de diagnostic des infections sexuellement transmissibles (CeGIDD), les associations habilitées à réaliser des tests rapides d’orientation diagnostique pour le VIH et l’hépatite C, les autotests VIH.

Cependant, malgré la diversité des outils et des moyens mis en place, le nombre de découvertes de séropositivité pour le VIH reste stable en France depuis 2007.

Dans ce cadre, des actions sont engagées pour lever les freins au dépistage, et parallèlement, favoriser le dépistage répété parmi les populations les plus exposées :

  • des actions de mobilisation autour du dépistage avec l’organisation de campagnes régionales de dépistage pour faire connaître le dépistage auprès de la population générale mais aussi pour créer une dynamique de long terme entre les acteurs de la prévention et du dépistage sur les territoires, y compris les professionnels de premier recours ;
  • l’expérimentation dans trois régions du « Pass préservatif » pour les moins de 25 ans permettant d’obtenir des préservatifs à titre gratuit dans le cadre d’un programme d’information et de prévention et d’un parcours de santé sexuelle ;
  • l’expérimentation dans quatre villes à forte prévalence du VIH et des IST des centres de santé sexuelle, d’approche communautaire, sur le modèle anglo-saxon ;
  • l’offre en santé sexuelle et reproductive à destination des jeunes d’outre-mer est renforcée, avec un accent mis sur le déploiement des actions « hors les murs », le soutien au développement associatif et la promotion d’actions innovantes.
  • Enfin, des campagnes de communication sont régulièrement mises en place par Santé publique France, en direction du grand public ou de populations ciblées à risque de contamination par le VIH, par le biais de dispositifs médias et d’outils connectés via Internet.

Concernant les autotests VIH, leur délivrance relève du monopole pharmaceutique et les autotests ne peuvent être vendus qu’en pharmacie d’officine. Une dérogation à ce monopole a été prévue pour les CeGIDD, les associations habilitées à réaliser des tests rapides d’orientation diagnostique et les structures dites de « bas seuil » pour les usagers de drogues à savoir les centres de soins, d’accompagnement et de prévention en addictologie et les centres d’accueil et d’accompagnement à la réduction des risques des usagers de drogues. La dérogation répond donc à un besoin très spécifique d’améliorer le dépistage pour certains publics.
Les médecins de ville prescrivent des dépistages par sérologie pris en charge à 100 % par l’assurance-maladie. Cette méthode de dépistage est proposée en priorité à toute personne ciblée par un dépistage de l’infection à VIH dans une approche préventive globale incluant les hépatites virales et les autres IST. Les médecins généralistes sont également autorisés à réaliser des tests rapides d’orientation diagnostique pour la détection de l’infection à VIH et à l’hépatite virale C.

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