Sollicités à de nombreuses reprises ces derniers jours par des "gilets jaunes" demandant la destitution du Président Macron, les sénateurs Michelle Gréaume et Eric Bocquet ont souhaité leur répondre par courrier.
Des dizaines de courriers et de mails sont parvenus dans les permanences de tous les parlementaires de France ces derniers jours, demandant la mobilisation des députés et des sénateurs pour destituer le président de la République, Emmanuel Macron, en vertu de l’article 68 de la Constitution. Cet article définit les conditions de destitution du président de la République et les modalités de la procédure devant le Parlement, constitué en Haute Cour.
Les sénateurs Michelle Gréaume et Eric Bocquet ont choisi d’apporter une réponse commune, constructive et concrète, à ces sollicitations, en rappelant leur engagement de longue date sur des thématiques comme le rétablissement de l’ISF, la lutte contre la fraude fiscale, le développement et la protection des services publics de proximité... qui sont depuis devenues les revendications des gilets jaunes.
Le courrier
A l’attention des « gilets jaunes » signataires d’un courrier aux parlementaires
Madame, Monsieur,
Nous avons bien reçu votre courrier et vos nombreux mails par lesquels vous nous interpellez notamment pour soutenir votre exigence de « destitution du Président de la République ».
La crise, sociale, économique, institutionnelle que nous vivons -et qui trouve en partie son origine avec le référendum sur le traité européen de 2005 et le choix majoritaire des Français bafoué-, s’est considérablement aggravée. La responsabilité en incombe, vous avez raison, au Président de la République et au gouvernement qui non seulement refusent jusqu’à présent de répondre aux urgences sociales mais font preuve d’un mépris insupportable pour le plus grand nombre de nos concitoyens.
Il est impossible de continuer ainsi, comme si la colère profonde qui s’exprime, le ras le bol d’une vie difficile, de lendemains incertains n’existaient pas.
Des évènements inquiétants se sont déroulés ce week-end à Paris. Cette violence, que nous condamnons, et qui dessert la juste cause, ne saurait occulter le message fort que des centaines de milliers de nos concitoyens envoient au Président de la République : l’exigence de justice sociale et fiscale. L’exigence d’être respectés.
Il n’y a pas d’autre issue que d’y apporter des réponses concrètes et rapides.
Nous avons lu avec attention les différentes propositions que formule le mouvement des gilets jaunes. Ces revendications rejoignent pour l’essentiel celles que nous portons en tant que parlementaires, avec constance et détermination au Sénat, et que nous avons reformulées lors du débat budgétaire en cours.
Nous pensons notamment à la suppression de la surtaxe sur le carburant, le rétablissement de l’ISF, l’augmentation du SMIC et des pensions, la suppression du CICE qui coûte à la France 40 milliards d’euros et dont les effets sont quasi nuls en termes de création d’emplois, une véritable lutte contre l’évasion fiscale, ou encore le développement des services publics…
Soyons clairs. Certaines de ces propositions peuvent être adoptées sans attendre, dès demain au Parlement. C’est une question de volonté et de choix politiques. Nous sommes, pour notre part, prêt à le faire et à les voter.
Chacun aujourd’hui est face à ses propres responsabilités. Nous prenons les nôtres. Il n’est plus temps de tergiverser. C’est ce message de fermeté vis-à-vis du gouvernement et du Président de la République, un message de solidarité et de soutien aux exigences sociales que nous porterons cette semaine au Sénat et à l’Assemblée Nationale.
Veuillez croire, Madame, Monsieur, à l’assurance de nos plus respectueuses salutations.
Éric Bocquet Michelle Gréaume