À la tribune

Question orale

Statut fiscal des travailleurs français du secteur public belge : le Gouvernement fait la sourde oreille

Ce mardi 14 février, au cours de la séance mensuelle de Questions orales au Gouvernement, Eric Bocquet s’est exprimé au nom de Michelle Gréaume, retenue par ailleurs, au sujet de la situation fiscale des travailleurs français du secteur public belge.

C’est Roland LESCURE, Ministre délégué chargé de l’Industrie, qui lui a répondu.

Lire le texte de la question

Madame la Présidente,
Madame la Ministre,
Mes cher.e.s collègues,

Depuis plusieurs mois, nos compatriotes salariés des services publics belges nous alertent sur les conséquences d’une modification à venir de leur statut fiscal.
De quoi s’agit-il ?

Actuellement, une personne de nationalité française, résidant en France et travaillant dans les services publics non concurrentiels belges, est imposable en France.

Or, une nouvelle convention, dont l’objectif est d’éviter les doubles impositions et de prévenir l’évasion fiscale en matière d’impôts sur le revenu et sur la fortune, signée entre nos deux pays, revient sur cette disposition. A son application, puisqu’elle n’a pas encore été ratifiée, ces salariés, et nous parlons là de plusieurs milliers de personnes, devront payer leurs impôts en Belgique.

Ceci est lourd de conséquences, pour des femmes et des hommes employés des hôpitaux, des écoles, des structures médico-sociales, et qui verront leurs revenus baisser de 25 à 30%, les impôts sur le revenu en Belgique étant nettement supérieurs à l’impôt français.

Ce sont des projets de vie à long terme remis en cause, nombre d’entre eux ont souscrit des prêts, immobiliers par exemple, sur la base de revenus et de capacités d’emprunt risquant d’être subitement dévalués, et s’inquiètent à raison pour l’avenir.

Une solution existe toutefois, déjà mise en œuvre en 2012 lors de la suppression du statut fiscal frontalier. Contraints de payer leurs impôts en Belgique, les travailleurs français du secteur privé belge, déjà sous statut frontalier, ont bénéficié d’un délai leur permettant de continuer à payer leurs impôts en France jusqu’en 2033. A l’époque, la modification du statut fiscal n’a été immédiatement appliquée qu’aux nouveaux frontaliers.

Les employés français du secteur public belge, qui ne remettent pas en cause la modification de leur statut fiscal, souhaitent tout simplement bénéficier du même délai et des mêmes dispositions afin d’anticiper la baisse de revenus à venir.

Aucune réponse précise ne leur a encore été apportée, mis à part l’annonce d’une hypothétique et lointaine modification de la législation fiscale belge. Non confirmée de l’autre côté de la frontière, et semble-t-il une nouvelle fois repoussée, cette vague promesse ne peut lever les craintes bien légitimes.
Ma question est donc simple et précise, Monsieur le Ministre, et j’espère que votre réponse le sera tout autant :

Comptez-vous accéder à la demande des salariés français concernés de bénéficier des mêmes délais et dispositions que leurs collègues du privé en 2012 ?

Malheureusement le Gouvernement reste sourd quant aux conséquences financières et sociales très importantes de cette réforme à venir.

On ne peut ignorer la tentation de pallier, par ce biais, les problèmes de recrutement dans le secteur public français, particulièrement la santé et l’éducation.

"Rendre plus attractif l’emploi public" en France nécessite d’autres mesures beaucoup plus importantes que de miser sur la remise en cause du statut fiscal pour faire revenir en France des salariés qui ont construit leur parcours professionnel outre-Quiévrain.

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