À la tribune

Proposition de résolution "Reconnaissance d'un État palestinien aux côtés d'Israël"

"Parvenir à une reconnaissance des deux Etats est notre seule chance d’aboutir à une paix juste et durable entre les deux peuples"

Jeudi 9 décembre 2022, était débattue dans l’hémicycle une proposition de résolution de l’article 34-1 de la Constitution, instaurant la Reconnaissance d’un État palestinien aux côtés d’Israël, qui émane de Pierre Laurent pour le groupe Communiste, Républicain, Citoyen et Écologiste.

C’est donc Pierre Laurent qui s’est exprimé dans un premier temps sur la proposition de résolution.

C’est ensuite Michelle Gréaume qui a prononcé une explication de vote au nom du groupe CRCE.

Lire le texte de l’intervention de Michelle Gréaume

Madame la Présidente,
Monsieur le Ministre,
Mes chers collègues,

Comme le disait mon collègue Pierre Laurent tout à l’heure, nous sommes à un tournant historique du conflit israélo-palestinien.

Parvenir, dans le cadre d’une initiative internationale, à la concrétisation d’une solution à deux États reconnaissant un État palestinien et un État d’Israël, constitue notre seule chance d’aboutir à une paix juste et durable entre les deux peuples.

Pour les Palestiniens tout d’abord, à qui la dignité serait rendue et dont les droits reconnus au niveau international seraient enfin effectifs.

Ainsi, la Conférence des Nations unies sur le commerce et le développement a chiffré les pertes économiques dues au blocus pour les Palestiniens à hauteur de 58 milliards de dollars en moins de vingt ans.
Sans compter les centaines de millions d’euros de taxes douanières retenus illégalement par Israël. Ce frein au développement est la raison majeure du désastre humain que constitue la colonisation.
48 % des Palestiniens, 80 % des Gazaouis ont besoin d’une aide alimentaire pour survivre. 900 000 Palestiniens souffrent aujourd’hui d’un accès limité à l’eau, aux soins, à l’éducation et aux autres services de bases. L’accélération de la colonisation et des violences dans les territoires occupés les prive de plus en plus d’un toit en-dessous duquel dormir.

La solution à deux États serait aussi bénéfique pour les Israéliens, bien que ce point ne soit pas souvent évoqué.

En 1988, à Alger puis devant l’ONU, Yasser Arafat, alors président de l’Organisation de Libération de la Palestine, déclarait : « notre conseil national palestinien redit son rejet du terrorisme sous toutes ses formes, y compris le terrorisme d’État. Notre position est claire et sans ambiguïté ».

Alors que 70 % de la population palestinienne a moins de trente ans, comment penser que les actes de violence qu’elle subit au quotidien n’alimentent pas les tirs de roquettes ? Reconnaître l’État de Palestine dans ses frontières de 1967 assécherait ainsi la plus grande partie du vivier de recrutement du Hamas.

Se pose par ailleurs la question de la stabilité dans la société israélienne elle-même. Comment comprendre qu’en l’espace d’à peine deux ans, la Knesset ait adopté une loi sur l’Etat-Nation reconnaissant le caractère juif de l’État, tout en autorisant des colonisations et des annexions qui conduisent à ce que 40 % de la population israélienne soit arabe et palestinienne ?

Revendiquer la solution à deux États ne relève ni de la haine d’un des deux peuples, ni du dogmatisme et de la posture. Cela relève d’une aspiration à la coexistence pacifique de deux Etats et de deux peuples, ainsi que d’un strict respect du droit international, constant depuis 1947.

Cela implique de :

  • Reconnaître l’existence d’un État arabe palestinien et d’un État juif israélien.
  • Reconnaître le droit au retour des réfugiés palestiniens sur des terres qu’ils ont occupées depuis des générations.
  • Reconnaître l’internationalisation de Jérusalem.
  • Reconnaître la cogestion des lieux de culte à Jérusalem.
  • Reconnaître les frontières de 1967 dessinées par l’accord d’armistice de 1949.
  • Reconnaître l’illégitimité de l’occupation et de la colonisation par Israël de Jérusalem-Est, de la Cisjordanie, du Plateau du Golan et de la Vallée du Jourdain.
  • Reconnaître l’illégitimité de l’annexion d’une partie de ces mêmes territoires par Israël.
  • Reconnaître, et condamner, les nombreuses atteintes aux droits humains subis par les Palestiniens et les Palestiniennes.

Cela consisterait simplement à s’inscrire en cohérence avec les résolutions de nos instances multilatérales.

A la sortie de la Seconde Guerre Mondiale, et ayant appris des limites de la Société des Nations, nos prédécesseurs ont créé l’ONU, basée sur le triptyque « Droit international, Objectif de Paix et Moyens d’actions à la préservation de ladite Paix ».

Le fonctionnement des Nations unies, très certainement à revoir, doit être un point d’appui pour une initiative internationale. La France, présidente du Conseil de l’Union Européenne et membre permanent du Conseil de sécurité de l’ONU, doit être un des moteurs des négociations.

C’est pourquoi notre groupe a fait le choix de demander le vote du Sénat sur cette proposition de résolution, que je vous engage également à soutenir.

Merci.

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