Mardi soir, le mythe du macronisme s’est effondré. Renaissance et la droite se sont alliés avec le RN pour permettre l’adoption d’un texte contraire aux fondamentaux de la République, contraire aux principes de Liberté, d’Égalité et de Fraternité.
Ce texte de loi instaure la préférence nationale, promeut la déchéance de nationalité, la fin de l’automaticité du droit du sol, la fin de l’immigration familiale si un maire le décide, la fin de l’immigration étudiante universelle, le retour du délit de séjour irrégulier, la fin du titre étranger malade, la fin de la présomption d’innocence pour retirer un titre de séjour, la restriction de l’aide publique au développement.
Cette inscription dans la loi du programme de Jean-Marie Le Pen, de l’extrême droite la plus abjecte, héritière de la collaboration, serait une « victoire politique totale du Président ». Nous y voyons un tournant sans précédent. La République est frappée du sceau de l’infamie, du racisme et de la xénophobie. L’hypocrisie est telle que ce texte crée un visa long séjour pour les britanniques propriétaires d’une résidence secondaire en France.
Les paroles n’effaceront jamais la lettre de ce texte. La situation chaotique dans laquelle députés et sénateurs ont examiné le texte depuis lundi soir devrait tous nous interpeller. Le texte est si mal rédigé qu’il ouvre la voie à un incroyable arbitraire. À titre d’exemple, personne ne sait dire si les quotas migratoires qu’il instaure seront ou non contraignants.
Peu importe les mots, la majorité est fracturée par la trahison de ses propres valeurs, le président de la commission mixte paritaire a lui-même voté contre. Un ministre a démissionné, d’autres ont menacé de le faire.
Il est encore temps d’arrêter cette fuite en avant vers l’extrême droite. Le Président doit tenir compte de l’adoption du texte avec les voix du RN en ne le promulguant pas. Oui, c’est un fait incontestable, le RN a soutenu le texte, son opposition aurait empêché son adoption.
Le ministre de l’intérieur puis la Première ministre elle-même ont déclaré que des mesures de ce texte « sont manifestement contraires à la Constitution ». Cette dernière, comme le Président de la République, saisissent le Conseil constitutionnel alors qu’ils ont eux-mêmes piloté les négociations sur ce texte.
Pour l’honneur de notre pays, pour l’honneur de la République, le Président ne doit pas le promulguer.