A plusieurs reprises ces dernières années mais plus frontalement ces dernières semaines, le monde feutré et glamourisé du cinéma a été secoué (c’est un euphémisme) par les révélations d’abus, de violences sexuelles et de pédophilie commis par ses représentants.
En ce 8 mars, journée internationale des droits des femmes, j’ai en tête ces mots justes et forts de Judith Godrèche, « la parole se délie, l’image de nos pères idéalisés s’écorche ». Combien sont-elles, petites filles, jeunes et moins jeunes femmes (et sans doute quelques garçons et hommes aussi), à avoir subi, durant des décennies, dans la complicité d’un silence résolument coupable, les assauts de ces hommes protégés par leur statut d’artiste, adulés, se considérant comme tout-puissants et confortés par le silence de celles et ceux qui craignent d’intervenir ?
Par leur ampleur, par la déflagration de ces révélations dans l’espace public, ces mots nous interpellent. Je souhaite que leur retentissement dépasse le simple cadre de ce milieu du cinéma, et ait un effet sur l’ensemble de notre société. Que deviennent inacceptables les relations déséquilibrées entre une toute jeune personne, adolescente, et un adulte en âge d’être son parent, voire parfois son grand-parent, que soient bannies toutes violences commises contre les femmes. Pour reprendre à nouveau les mots de Mme Godrèche, « On ne peut pas être à un tel niveau d’impunité, de déni et de privilège qui fait que la morale nous passe par-dessus la tête », et cela doit désormais être vrai dans tous les domaines de la société. Elle a d’ailleurs demandé au Sénat, lors de son audition par la Délégation aux droits des femmes, de constituer « une commission d’enquête sur les violences sexuelles et sexistes dans le milieu du cinéma ».
Les choses évoluent, la parole se libère, et c’est fortes et forts de ces constats que nous devons faire évoluer les consciences, les mentalités et la société pour offrir un avenir dénué de violences sexistes et sexuelles à nos enfants. Nous le devons à toutes ces femmes qui ont mis leur carrière, leur réputation, leur intégrité en péril pour dénoncer et faire condamner ceux qui les ont brisées.
Concrètement, cela signifie qu’il faut investir dans la formation, dans l’éducation, dans la prévention auprès des jeunes générations ; donner des moyens aux associations qui restent les actrices de première ligne pour recueillir la parole et orienter ; développer et former les services de police et de gendarmerie et la justice pour entendre les victimes et punir et éduquer les auteurs de violences sexistes et sexuelles, afin d’endiguer la récidive.
Ayons le courage de dire tout haut ce que nous savons tout bas, et de nous battre pour que les droits des filles et des femmes soient respectés et jamais bafoués.
Crédits photo : Shamsia Hassani