Le Congrès réuni venait de voter par 780 voix pour, contre 72, la constitutionnalisation du droit à l’IVG. Sentiment de fierté et de bonheur avec ce résultat historique. Notre pays est ainsi devenu le premier pays au monde à faire ce choix. Quel beau message universel adressé au-delà de nos frontières ; les Polonaises, les Argentines, les Iraniennes, et tant d’autres ailleurs dans le monde, saluent ce geste fort de notre République. J’étais littéralement porté par cette incroyable atmosphère au sein du Congrès, et j’entends au loin, sur une place, près du château, le tintement lugubre d’une cloche d’église. C’était le glas, un tintement lent sur une seule note, utilisé autrefois pour annoncer l’agonie, la mort ou les obsèques de quelqu’un.
Un rassemblement était organisé par des militants anti-IVG, j’ai vu des images dans le reportage diffusé au journal télévisé de 20h : des bougies et des fleurs déposées devant des clichés d’échographies, une prière collective, des fidèles agenouillés à même le sol. « Un jour de deuil », un intervenant expliquait « le caractère sacré de la vie humaine innocente, Dieu ne pourra pas supporter que la France choisisse le camp de la mort. »
Toutes les « idées » peuvent s’exprimer dans notre République. Mais lundi dernier, dans ma tête, c’est un carillon du Nord qui sonnait, à grandes volées. Un droit conquis de haute lutte par les femmes elles-mêmes depuis des décennies, que dis-je, des siècles. Je pense à toutes les femmes mortes, mutilées, lorsque l’avortement était interdit, condamné.
Lundi dernier, en fait, le glas ne sonnait pas la mort de la liberté des femmes, il sonnait celle, définitive, des idées rétrogrades.
En cette journée du 8 mars, journée internationale de lutte pour les droits des femmes, quel beau message universel !