Chroniques

Marianne décapitée, au nom de qui ?

Il n’y a pas de mots pour décrire l’assassinat de notre concitoyen Samuel Paty la semaine dernière. « Mal nommer les choses, c’est ajouter au malheur du monde » disait Albert Camus. On cherche : horreur, abjection, abomination, effroi, atrocité, monstruosité… choc terrible en apprenant cette nouvelle le vendredi 16 octobre en fin de journée. On pense immédiatement à ses proches, aux élèves qu’il venait de quitter, à toute la communauté éducative, à toute la République à nouveau touchée en plein cœur.

L’école, lieu sanctuarisé, lieu de savoir et de connaissance, de brassage, de mise en société, un des piliers de notre République, laïcité, services publics, Sécurité Sociale et puis bien sûr Liberté, Egalité, Fraternité.

Aucune excuse à cet acte odieux. Mais il nous plonge dans la peur, la peur des haines que cela va attiser dans notre société. Il nous faudra surtout veiller à éviter l’amalgame, le déchaînement des passions. Il nous faut échanger, écouter, parler, apporter la lumière dans ces temps assombris.

Je ne peux m’empêcher de penser à ces mots de Gramsci si souvent croisés : « Le vieux monde se meurt, le nouveau monde tarde à apparaître et dans ce clair-obscur surgissent les monstres ».

Peur également de voir les enseignants refuser ou hésiter à aborder en classe « certains » » sujets sensibles dans « certains » quartiers comme disent les journalistes, ce serait nier le droit d’exercer pleinement leur métier d’éducateur, de passeur de savoir, d’éveilleur de conscience, tout simplement, faire œuvre humaine.

La République partout, pour tous, contre toutes les injustices, les inégalités. Contre tous les fanatismes, pour des esprits libres et éclairés quels que soient nos origines sociales, ethniques, religieuses ou philosophiques.

Non, aucune excuse à cet acte odieux. L’école est précisément l’une des armes fondamentales pour élever les humains, ouvrir leur esprit, accéder au beau et au grand. Deux propos du grand Victor Hugo au XIXème siècle : « Il faudrait faire pénétrer de toutes parts la lumière dans l’esprit du peuple, car c’est par les ténèbres qu’on le perd ». Et celle-ci pour terminer : « L’ignorance est un crépuscule, le mal y rôde. Songez à l’éclairage des rues, soit, mais songez aussi, songez surtout à l’éclairage des esprits. »

A ta mémoire, Samuel Paty, merci d’avoir accompli ta belle mission pour la République !

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