Chroniques

Macron II

Molière ou La Fontaine eurent été parfaits pour narrer le Sacre

Je n’ai pas eu l’occasion de regarder la cérémonie d’investiture du président de la République en direct, mais un déplacement de plusieurs heures en train m’a permis de le voir en replay, comme l’on dit outre-Manche.

On nous avait annoncé sobriété et simplicité, mais en entendant la Garde républicaine interpréter de très jolis morceaux de Haendel ou Lully, j’eus le sentiment d’assister à un sacre.

Macron II en son palais saluant la Cour, ses gens, son bon peuple. Il y en avait de toutes les couleurs, le bleu dominant pour les costumes masculins, des couleurs très vives pour les dames, du vert franc de Roselyne Bachelot au jaune éclatant de Marisol Touraine.

C’est un véritable spectacle que de suivre ainsi la déambulation du monarque, saluant les uns et les autres. Quelqu’un aurait dit, selon Le Parisien, à l’arrivée du Président : « C’est Versailles ». C’est vrai que dans ces moments-là, la République, sous ses ors, prend des tonalités royales.

Les commentateurs du jour, en plateau, analysent, scrutent, décortiquent le moindre détail, le regard, le salut. On note ici une personnalité « spécialement saluée », une autre « particulièrement saluée ». Les coulisses bruissent de rumeurs en ces temps de constitution du futur gouvernement, les journalistes sont à l’affût du moindre signal, on interprète, on spécule…

Tel autre bénéficie d’une « accolade appuyée », la façon de serrer la main est également analysée, plus ou moins longue, énergique, convenue ou, au contraire, chaleureuse, la main droite du Président saisit une main et la main gauche enserre ensuite l’avant-bras… Oh, ça c’est un signe… de quoi ? L’avenir nous le dira…

Les plus habiles se sont glissés au premier rang, il importe d’être vu et remarqué… Courtisans et courtisanes, les historiques, les fidèles, les ralliés, les nostalgiques des maroquins, les soucieux du statut social personnel. On a même vu un ancien Président de la République claquer la bise à la « première Dame », il était tout sourire… On en est où de ses affaires en justice, au fait ? D’autres risquent le lumbago pour tendre la main, toucher Macron II, échanger quelques mots avec lui. On est toujours sidéré d’assister à un tel spectacle…

En cette cérémonie aux tonalités Grand Siècle, il ne lui manquait qu’un commentateur, Molière ou La Fontaine eurent été parfaits pour narrer la scène. Oui, Macron II fut vraiment royal !

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