Chroniques

Les assistés, là-haut

Il vous est sans doute arrivé de croiser cette phrase au détour d’une consultation sur internet, la voici : « Nous sommes dans un monde où ceux qui gagnent 100 000 euros par an persuadent ceux qui ont 1 700 euros par mois que c’est la faute de ceux qui en touchent 500 si le pays va mal. » Et il faut bien le reconnaître, ça marche, au moins en partie. Les millions de personnes qui perçoivent des aides sociales sont stigmatisées comme étant des assistés.

De notre côté, nous appelons ça la solidarité nationale, qui nous permet d’être globalement mieux logés, mieux soignés, par exemple. Dans ce pays, 6,9 millions de personnes perçoivent les minima sociaux, 10 % de la population ; 4,3 millions de salariés, aux revenus faibles, perçoivent la prime d’activité. Pas moins de 13,5 millions de foyers sont allocataires de la Caisse d’allocations familiales (CAF), ce qui représente 32,5 millions de personnes. Plus de 3 millions de demandeurs d’emploi sont indemnisés chaque mois…

On se demande ici comment notre société tiendrait si toutes ces politiques de solidarité n’existaient pas. Macron désigna un jour ces aides par cette formule choc « un pognon de dingue. » Ce genre de discours tend à diviser, à fracturer et à opposer… Nous, on veut lever les yeux, ne pas porter un regard horizontal en direction des prétendus « assistés », nous regardons vers le haut…

Les hauts dirigeants négocient pour eux-mêmes des protections gigantesques de leur fortune. Il existe en France ce que l’on appelle, dans le jargon de Berçy, des « niches fiscales », elles sont au nombre de 450 et ont pesé dans le budget de cette année près de 86 milliards d’euros. Les plus riches parviennent ainsi à réduire leur impôt en toute légalité, sans être stigmatisés.

Et puis, ils nous ressortent régulièrement la chasse aux « fraudeurs sociaux », oui ça existe, quelques centaines de millions par an… en oubliant délibérément les effets dévastateurs de la fraude et de l’évasion fiscale qui coûtent des dizaines de milliards d’euros chaque année à la République, vous savez, celle qui doit garantir l’égalité et défendre notre modèle social…

Les véritables assistés sont trop souvent hors de notre champ de vision !

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