Chroniques

Ils se font du blé

Pendant que tout le monde s’inquiète de l’envolée des prix du carburant, du gaz, et des profits faramineux des géants de l’énergie, il y a un autre secteur économique qui se frotte les mains, c’est celui des industriels céréaliers dans le monde. La lecture récente d’un article d’un quotidien britannique (The Guardian) nous apporte à ce sujet quelques informations très intéressantes.

Il nous informe ainsi que le marché mondial des céréales est contrôlé, entre 70 et 90 %, par quatre grands groupes, Archer-Daniels-Midland Company, Bunge, Cargill et Louis Dreyfus, on les désigne dans le milieu par les lettres ABCD. Autrement dit, le marché mondial des céréales est encore plus concentré que celui de l’énergie, et l’article nous explique qu’il est encore moins transparent. Les prix de l’alimentation se sont envolés malgré l’existence d’abondantes réserves de grain, mais aucune transparence de la part de ces quatre groupes quant à la quantité de grains que chacun détient.

Donc, les comptes en banque s’étoffent, Cargill (la même entreprise qui a licencié des salarié.es chez nous, à Haubourdin) a enregistré une augmentation de 23 % de ses revenus pour atteindre un record de 165 milliards de dollars. Son concurrent Archer-Daniels-Midland Company a réalisé de son côté les profits les plus élevés de son histoire au second quadrimestre de cette année. Quant à Louis Dreyfus, il a enregistré en 2021 des profits en hausse de 80 % sur l’année précédente.

Les économistes libéraux décrivent en ces termes la situation : « C’est un marché relativement efficace. » De l’autre côté, des gens, dont nous sommes, portent l’idée qu’il faudra taxer les superprofits, n’en déplaise au représentant en pulls à col roulé, Bruno Le Maire. Aucun des quatre groupes sollicités n’a donné suite aux sollicitations du journaliste du Guardian.

Eux se font un blé fou, mais pour les peuples il y a du grain à moudre pour s’attaquer à l’implacable loi du marché.

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