Chroniques

Homo numéricus

Il y a un peu plus de 25 ans, le champion du monde d’échecs, Gary Kasparov acceptait le défi d’IBM et affrontait dans plusieurs parties un super ordinateur, « Deep Blue ».

Dès la première partie, le monde des échecs fut en état de choc, Kasparov se voit contraint d’abandonner après 37 coups. Sans doute un tournant dans l’histoire de l’humanité, une machine dominant un humain. C’était il y a un quart de siècle, fin du siècle passé, à l’approche de l’an 2000, de l’histoire récente.

Depuis, que de chemin parcouru dans l’explosion de l’informatique, du numérique plus globalement. En l’espace d’une génération ces outils ont envahi nos vies et se sont même rendus indispensables, voyez la détresse de l’homo sapiens aujourd’hui quand il perd son téléphone portable ! Twitter, Facebook, Instagram, Tik Tok ont chamboulé nos vies, pour le meilleur et pour le pire ! Les chiffres donnent le tournis : près de 40 smartphones sont actuellement vendus chaque seconde dans le monde, soit 3,6 millions par jour, 110 millions par mois et plus de 1,3 milliard par an.

Évidemment, l’usage de ces appareils nous appelle à mesurer le « temps d’écran » pour chacune et chacun d’entre-nous. Entre deux et huit ans, vous passerez devant eux trois heures par jour, soit un quart de votre temps de veille, l’équivalent de sept années scolaires. Dans une famille « aisée », vous passerez deux fois moins de temps devant les écrans que dans une famille aux revenus modestes. Vers l’âge de huit ans, arrive un premier grand changement, car le temps de sommeil diminue, on passe à 4 heures 40 minutes par jour. Deux ans plus tard, fin de l’école primaire, entrée au collège, il faut s’équiper pour ressembler aux autres, « Tous les copains en ont un ! » (un téléphone portable). Pour les 16-24 ans, c’est une véritable orgie qui commence alors : 11 heures 45 par jour sur un total d’environ 17 heures éveillées. Cette durée diminue légèrement par la suite pour atteindre tout de même plus de 10 heures pour les adultes.

Internet est devenu un monde débordant de ressources illimitées et de grande qualité, à condition de les trouver et de ne pas les subir.

Il n’est pas question ici d’arrêter ce système, mais posons-nous sérieusement la question de sa maîtrise humaine. Il peut être un formidable outil d’émancipation humaine mais aussi son exact contraire, une arme d’asservissement redoutable, fut-il volontaire et ludique !

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