Chroniques

Capitalisme inclusif ?

C’est ce titre d’un article paru dans les Echos il y a quelques semaines qui m’a interpellé. L’auteur en était Jean Peyrelevade qui s’est surtout fait connaître quand il a dirigé le Crédit Lyonnais de 1993 à 2003. Mais M. Peyrelevade a fait beaucoup d’autres choses, un parcours très diversifié, un classique du genre.

Polytechnicien, promotion 1958, il fut directeur de cabinet adjoint de Pierre Mauroy en 1981, en charge des nationalisations à propos desquelles il exprimait clairement son scepticisme quant à leur intérêt. Il devint Président de Suez en 1983, de l’UAP de 1988 à 2003, il rejoindra François Bayrou en 2007, soutient Emmanuel Macron en 2017 tout en critiquant quelques temps plus tard son programme économique qu’il trouve « trop timide sur la baisse des dépenses publiques », vous suivez ?

Dans cet article, M. Peyrelevade se fait l’avocat d’un capitalisme inclusif, vieille lune des libéraux, la fameuse troisième voie… Mais, dans la description de ce système économique, nous avons droit, je trouve, à quelques propos d’une pertinence absolument hallucinante sur le fonctionnement du capitalisme.

Il nous décrit « un actionnariat de plus en plus intermédié à travers les gestionnaires de fortune, les fonds d’investissement (cf Eurazeo pour Carambar), des investisseurs institutionnels, des fonds de pension, les normes de rentabilité minimales imposées aux entreprises sont beaucoup trop élevées : 10 à 15% de rendement du capital qui sont en moyenne effectivement atteints ».

Il poursuit : « Les opérations financières les plus sophistiquées se multiplient (rachats d’actions) et la main d’œuvre devient variable d’ajustement. On licencie non pas parce que l’entreprise est en difficulté mais pour lui permettre d’atteindre une norme de rentabilité imposée par la Bourse ». On dirait un tract de la CGT !

La conclusion vaut son pesant de cacahuètes : « Un capitalisme responsable ne peut pas exister s’il est contraint de fonctionner selon les règles de rentabilité absurdes de Wall Street ». Clap de fin !

Eh bien, un système qui fonctionne selon ces critères-là, ça ne s’adapte pas, ça se dépasse. Question d’humanité !

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