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“La rose et le réséda”

La chronique d'Eric Bocquet - Vendredi 20 juillet 2018

On a beaucoup glosé sur la visite du Président Macron au Vatican fin juin. Par contre, je trouve qu’il aurait été fort utile de préciser que, dans la délégation qui l’entourait, figurait Madame Véronique Fayet, la Président du Secours Catholique en France.

Rien de très original me direz-vous, mais l’intérêt de l’affaire c’est que cette rencontre au Vatican fut l’occasion pour elle de remettre au Pape François un exemplaire du rapport que son organisation vient de publier, consacré à la finance. Le titre du document : « La finance aux citoyens, mettre la finance au service de l’intérêt général ».

Le Secours Catholique a combattu de tous temps la pauvreté, les inégalités et les injustices. Franchement, ce combat est nôtre, au cœur de notre engagement fondateur, historique. Je ne saurais que trop conseiller à chacune et chacun la lecture de ce rapport. Le Pape François tient les mêmes propos régulièrement, mettant en cause l’argent pour l’argent, « le fumier du diable », il eut cette formule en 2015 en Bolivie.

Le rapport est clair dans son évaluation, le système financier actuel joue un rôle essentiel dans nos sociétés trop inégalitaires et faisant trop peu de cas des exclus, dit-il. Et le texte poursuit : « la crise financière de 2007/2008 était une occasion pour le développement d’une nouvelle économie plus attentive aux principes éthiques, et pour une nouvelle régulation de l’activité financière spéculative et de la richesse fictive. Mais il n’y a pas eu de réaction qui aurait conduit à repenser les critères obsolètes qui continuent à régir le monde ».

Car, toujours selon le rapport, la finance joue un rôle essentiel dans l’organisation de l’économie dite « réelle », dans les investissements publics comme privés, les épargnes et les crédits des citoyens, les moyens de paiement. Elle a aussi progressivement pris une place démesurée dans l’économie mondiale, influençant fortement différents secteurs de l’économie mais aussi les politiques publiques.

Voilà pour la philosophie générale du document qui s’achève sur des propositions concrètes. Magnifique travail, base de travail commun pour ceux qui croient au ciel et ceux qui n’y croient pas, vers superbes de Louis Aragon dans le poème qui a donné son titre au billet de cette semaine.

En cette période de commémoration de la prise de la Bastille en 1789, des rassemblements très larges doivent s’opérer. Parlons-nous !

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