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JULIA accusée de harcèlement au Sénat

La chronique d’Eric Bocquet - 30 mars 2018

La terreur règne dans les couloirs de la Haute Assemblée, ce haut lieu de la République française, le Palais du Luxembourg. Depuis le 1er janvier 2018, JULIA terrorise les sénateurs, les femmes qui représentent 32% des membres, n’en parlent jamais, seuls les mâles sembleraient s’intéresser au sujet, avec beaucoup d’effroi d’ailleurs.

A la buvette du Sénat, après l’achat d’un œuf dur à 60 centimes, les sénateurs consommateurs récupèrent prestement la facture et s’inquiètent du jugement implacable de cette JULIA sur cet écart incroyable. Curieux quand même, on ne la voit jamais, on ne la côtoie pas, on ne la croise nulle part et pourtant tout le monde la connaît, seuls les collaborateurs des sénateurs ont un contact direct et régulier avec ce sinistre personnage dont l’omniprésence perturbe la sérénité au sein du Sénat. Je ne saurais vous dire à quoi elle ressemble, mais la hantise pour chacun d’entre nous c’est de se retrouver un jour à la une du Canard Enchaîné ou de Médiapart avec ce titre dévastateur : « le sénateur Machin achète un œuf dur sans en rendre compte à JULIA ! ». Ce jour là vous sombrerez dans la disgrâce et l’infâmie pour l’éternité. Alors, cette JULIA, qui est-elle ? Une juge, une maîtresse, une anonyme, non rien de tout cela.

JULIA n’est pas une femme, elle est une application installée sur votre ordinateur ou votre téléphone portable, un outil de transparence sur lequel chaque sénatrice et sénateur doit enregistrer tous les justificatifs des dépenses effectuées dans le cadre des activités liées au mandat.

Aucune réserve pour notre part, quant à être absolument transparent dans l’exercice d’un mandat public, oui il faut juger et condamner les élus qui s’enrichissent personnellement avec l’argent public qui leur est versé. JULIA c’est donc la « JUstification en LIgne des Avances » tout simplement.

Il y a eu des scandales, des abus qui doivent être condamnés sans retenue, mais attention à cette petite musique qui flotte dans l’air sur l’absence d’intégrité des élus qui seraient là pour profiter d’office du système et défendre uniquement leur intérêt propre… M. Macron prévoit justement d’en réduire le nombre, de réduire aussi leur capacité d’amendement, c’est-à-dire d’élaborer la loi, l’opinion pourrait applaudir le nouveau monde terrassant les profiteurs de l’ancien monde.

Il ne s’agit pas ici d’un appel au secours visant à sauver la tête et surtout le siège des parlementaires, il s’agit tout simplement de sauver la République, la démocratie. Dans un monde idéal dont certains rêvent, du côté de la Silicon Valley, il n’y aurait plus d’élus…

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