Chroniques

CAC 40, des profits sans lendemain ?

La chronique d'Eric Bocquet - Vendredi 3 juillet 2020

J’ai emprunté ce titre au dernier rapport publié par l’ONG Oxfam, il y a quelques jours, sur les profits des grands groupes français. Sujet inépuisable qui ne m’épuise pas ! C’est sans doute ce genre de données qui nourrissent la réflexion et le débat sur l’état du monde. Ces rapports réguliers doivent aussi permettre de nourrir le sentiment antilibéral du peuple français. Une étude mondiale réalisée il y a quelques années montra que le peuple français était l’un des plus antilibéraux au monde. Vous me direz, peut-être, mais ça ne se traduit pas mécaniquement dans les votes de nos compatriotes. Pas faux !

Dans une interview de M. Gilles Finchelstein, Directeur général de la Fondation Jean Jaurès, accordée à un quotidien régional, le 14 juin dernier, on faisait une première analyse de la période de confinement. Le journaliste pose cette question à l’invité : « Le Président a évoqué un « monde d’après ». Peut-on y croire ? » Dans sa réponse, M. Finchelstein indiqua notamment « près de la moitié des Français ont affirmé le souhait d’une rupture avec le système capitaliste, contre 20% des Allemands et des Anglais ». Près de 50% de nos concitoyens c’est énorme et pourtant… nous connaissons la situation politique du pays qui se cherche.

Alors, le monde d’après, il est déjà engagé avec le Président Jupiter qui rencontrait ce lundi matin les représentants de la Convention citoyenne afin de débattre de leurs propositions. Parmi celles-ci en figurait une digne des irréductibles Gaulois : appliquer une taxe de 4% sur les dividendes des grandes entreprises.

Cette proposition fut d’emblée balayée par le Président au prétexte que cela ferait fuir les investisseurs… attractivité, bla, bla, bla… Et pourtant ces profits se portent au mieux, c’est ce que nous montre, la semaine dernière, le dernier rapport d’Oxfam dont le titre a inspiré ce billet. Que nous dit-il ?

Entre 2009 et 2018 les versements aux actionnaires du CAC 40 ont augmenté de 70%. La rémunération des PDG du CAC 40 a augmenté de 60% quand le salaire moyen au sein de ces entreprises augmentait de 20%. Le SMIC n’a augmenté que de 12% sur cette période.

Les entreprises du CAC 40 étudiées ont reversé en moyenne 71% de leurs bénéfices à leurs actionnaires entre 2009 et 2018. En 2018, l’écart de rémunération entre un PDG et le salaire moyen était de 107 !

Franchement, Monsieur le Président, 4% de taxe pour sauver la planète, c’est pas cher payé !

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