Chroniques

Alors ce budget ?

La chronique d’Eric Bocquet - 15 décembre 2017

Alors ce budget ?

Après le vote dans l’hémicycle du Sénat ce mardi 12 décembre du budget 2018, Public Sénat me demande les impressions et analyses du groupe Communiste Républicain, Citoyen et Ecologiste. Avons-nous bien affaire à un projet de loi de finances de droite ? C’est clairement un budget libéral, le monde nouveau s’inspire terriblement, budgétairement au moins, de l’ancien monde. La même addiction à la réduction de la dépense publique que les gouvernants précédents. Il y a, dans les choix de la majorité présidentielle, des marqueurs très clairs :

  • La suppression de l’ISF, bonne nouvelle pour les 350 000 assujettis disposant d’un patrimoine de 1.3 million d’euros. Vous en êtes ? Plus de 4 milliards de pertes pour le budget de la République.
  • La suppression progressive de la taxe d’habitation, idée séduisante à priori pour les contribuables, sauf qu’il s’agit bien d’un coup terrible porté à l’autonomie financière des communes, pourtant garantie par la Constitution. Ce sont ainsi 35% des ressources des communes qui vont disparaître. Les élus locaux seront-ils contraints d’augmenter les taux, les tarifs des services, de supprimer des postes, de réduire ou reporter les investissements nécessaires au développement des communes et aux besoins de la population ?
  • Il fut fait grand cas de la hausse de l’Allocation Adulte Handicapé, mais elle sera minorée par la disparition d’autres aides, notamment pour les couples.
  • La baisse des APL et ses répercussions pour les bailleurs sociaux, craintes sérieuses pour les investissements en logements… Abbé Pierre 1954 !
  • Ce gouvernement décide aussi de supprimer la taxe sur les hauts salaires (plus de 12 000 euros par mois, vous êtes concerné ?) afin d’attirer à Paris les hauts cadres de l’industrie financière de la City à Londres qui viendraient à quitter le Royaume-Uni pour cause de Brexit.
  • Nous proposions d’augmenter la taxe sur les transactions financières de 0.3 à 0.5%, M. Macron le supprime pour les mêmes raisons, compétitivité, attractivité etc.

Ce ne sont plus des réformes, ce gouvernement s’est engagé à « transformer » la France. Pour réduire les inégalités, combattre la pauvreté, répartir les richesses ? Vous n’y pensez pas, impossible. Les engagements européens, la dette…

Oui les budgets se suivent et se ressemblent tristement, alors on résiste, on propose, on communique pour maintenir vivante la petite flamme de l’alternative… tant qu’il le faudra.

Retrouvez la chronique d’Eric Bocquet chaque semaine dans Liberté Hedbo

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