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De quoi Macron est-il le nom ?

La chronique d’Eric Bocquet - 16 mars 2018

Les gazettes ont créé une nouvelle école de pensée économique depuis la dernière élection présidentielle de 2017. En effet, on entend régulièrement parler du « Macronisme ». Ce mouvement né essentiellement du rejet par nos concitoyens de l’alternance gauche/droite qui n’a pas réglé les grands problèmes de notre société, qui n’a pas partagé la richesse, qui n’a pas éradiqué la pauvreté et qui a laissé le chômage s’enkyster dans notre pays depuis plus de quarante années. Déceptions accumulées, désillusions, colère, abstention.

M. Macron s’est presque retrouvé à l’Elysée par effraction démocratique, élu au 2ème tour contre le pire, cela fait longtemps, en effet, que l’on nous a habitués à voter contre.

Qu’incarne ce mouvement ? Ni droite, ni gauche, plus d’idéologie, il se veut apolitique, il veut être libre d’agir, M. Macron est le nouvel avatar du « il n’y a pas d’alternative ». Sa méthode, efficacité, pragmatisme et surtout du bon sens. Aller vite aussi fait partie de la caisse à outils de ce pouvoir, il veut incarner le nouveau monde.

C’est une duperie sans nom. Emmanuel Macron transforme tout problème social en un problème individuel. En guise de nouveau monde voilà des conceptions qui nous ramènent dans les années 80, aux plus belles heures du Thatcherisme.

En 1987, Margaret Thatcher déclarait : « les gens confient leurs problèmes à la société et vous savez, il n’y a pas de société, il y a des femmes et des hommes individuels et des familles et aucun gouvernement ne peut rien faire sauf par les gens, et les gens ils doivent s’occuper d’eux-mêmes d’abord ». M. Macron nous rappelle aussi un certain John Kennedy, le 20 janvier 1961, lors de son installation : « Ne vous demandez pas ce que notre pays peut faire pour vous, demandez vous ce que vous pouvez faire pour votre pays » ; écoutez les vœux du Président en décembre, il emploie les mêmes mots.

M. Macron méprise les parlementaires, il veut diriger en direct l’entreprise France, il me rappelle, au fond, cette phrase lourde de sens de David Rockefeller : « Quelque chose doit remplacer les gouvernements et l’industrie privée me semble l’entité adéquate pour le faire ». Revient en mémoire ensuite cette analyse exceptionnelle de Pierre Bourdieu en 1998, Google allait naître dans la Silicon Valley, Bourdieu définissait l’essence du néolibéralisme : « Qu’est-ce que le néolibéralisme ? Un programme de destruction des structures collectives capables de faire obstacle à la logique du marché pur ». Emmanuel Macron est incontestablement l’homme de cette mission. Il parle de transformer la France, il a même publié un ouvrage l’an dernier qu’il a intitulé : « Révolution ». Oui mais révolution conservatrice !

Ce pouvoir n’est, au fond, que le dernier avatar du libéralisme en vigueur sur la planète et en France. Rien de nouveau dans ce vieux monde.

Le Macronisme, ça n’existe pas !

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